Dans la guerre froide – la révolte et son double. La nouvelle révolte des artistes : autour de l’Internationale situationniste
G.B. : "Il y a, d’un côté, un discours critique authentique et, de l’autre, l’idéologie, une récupération qui du meilleur fait le pire. Ma question est simple : en ce qui concerne l’insurrection de Mai 68, le ver était-il déjà dans le fruit ?"
R.V. : Toute idéologie falsifie le réel. L’idéologie, pour moi, c’est la pensée séparée de la vie. Le spectacle n’est que la conséquence de cette pensée qui s’autonomise. J’insiste toujours sur la nécessité de partir de la base, de la vie quotidienne, de la radicalité qui est la racine de l’être.
Avec ce dialogue au long cours entre Gérard Berréby et Raoul Vaneigem, l’on traverse à grandes enjambées plus d’un demi-siècle, de 1950 à aujourd’hui. Truffée d‘anecdotes, cette épopée retrace une période bouillonnante de l’Histoire. Raoul Vaneigem jette ici un regard parfois cruel, souvent drôle et exalté sur cet esprit de révolte insatiable qui les habitait, lui et ses acolytes. Renaissent les moments de fête qui enivrèrent les jeunes situationnistes, les conférences au cours desquelles s’échafaudaient les tactiques, se débattaient les questions théoriques ou encore se décidaient les exclusions. L’on croise la route de Guy Debord bien sûr, et de sa première épouse, Michèle Bernstein, mais aussi d’Attila Kotányi, de Mustapha-Khayati, de Henri Lefebvre ou encore de René Viénet. L’on pénètre les arcanes d’une pensée qui frappe aujourd’hui encore. Au fil de la discussion éclate la clairvoyance d’un groupe qui, précocement et à rebours de l’opinion, sut dénoncer les dérives des révolutions castristes et maoïstes, puis déceler les prémices et les évolutions logiques de Mai 68. Pour en finir avec le travail.
Ouvrage illustré et agrémenté de témoignages inédits de Mustapha Khayati, René Viénet, Michèle Bernstein, Gianfranco Sanguinetti, Donald Nicholson-Smith...