Le 19 mars 2011, une dizaine d’agriculteurs se retrouvent à Ruffec. Ils sont accueillis sur l’exploitation céréalière de Paul François, atteint de troubles neurologiques à la suite d’une intoxication par un herbicide sept ans plus tôt. Les autres agriculteurs présents souffrent également de pathologies chroniques lourdes. Ce jour-là est créée Phyto-victimes, première association française d’agriculteurs victimes des pesticides.
Rien ne prédisposait ces exploitants, partie prenante d’un système agricole fondé sur l’utilisation massive de produits phytosanitaires, à s’engager dans une telle action collective.
Ce livre, fruit d’une enquête menée pendant plus de dix ans, raconte leur difficile cheminement pour se dire victime et obtenir réparation.Il pointe le rôle décisif joué par les proches familiaux mais aussi l’importance des alliés objectifs dans la mobilisation, médecins, syndicalistes, militants environnementalistes, avocats, journalistes, scientifiques, issus de mondes parfois très distants les uns des autres.
À travers cette histoire à la fois intime et politique, il montre les effets sur le long terme d’une agriculture intensive toujours dominante aujourd’hui.
Jean-Noël Jouzel est sociologue, directeur de recherche CNRS, rattaché au Centre de sociologie des organisations (CSO) à Sciences Po.
Giovanni Prete est sociologue, maître de conférences à l’université Sorbonne Paris Nord, rattaché à l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS) et au LISIS (INRAE).