Que signifie-t-on lorsqu’on affirme d’une idée qu’elle est valable, qu’elle a de la valeur ? Cette opération de tous les jours procède nommément, en philosophie, de l’« économie de la pensée ».
Ce cinquième opuscule du feuilleton théorique « Les économies » recense cette fois les usages du mot « économie » dans le champ de la philosophie. Depuis Kant, mais surtout depuis les néokantiens qui ont médité sur la dimension pratique de la pensée, réfléchir relève d’une économie qui cherche à mettre en relation une capacité de l’esprit à forger des notions abstraites, un sens de l’observation des phénomènes sensibles et une psychologie tenant compte de l’état du savoir et de l’art de connaître en société.
Il s’agit aussi de découvrir la façon dont les sciences économiques modernes ont récupéré et tordu ces schèmes analytiques, en faisant de la monnaie l’instance de prédilection de l’évaluation, au point de pervertir ce que faisait l’économie de la pensée dans la finesse et l’ouverture.
En appendice, « L’économie mathématique », écrite avec François Genest, refait la genèse du nombre autour du souci d’économie qui anima les mathématiciens dans l’histoire, et affranchit ces puissances de seules considérations comptables et instrumentales.