Soleil vert : New York confrontée à la surpopulation. La Servante écarlate : la dégradation de l’environnement réduisant dramatiquement la fertilité des femmes. Eternity Express : une solution pour le moins radicale pour gérer le vieillissement démographique. Trois récits parmi d’autres dont la population est en quelque sorte l’héroïne.
Nombre d’œuvres littéraires, bien au-delà de la science-fiction, ont abordé des questions démographiques telles que la croissance de la population mondiale, l’urbanisation, la dénatalité, le vieillissement, les migrations... en poussant leurs évolutions à l’extrême pour en imaginer de redoutables conséquences. Les mondes dystopiques et les « enfers démographiques » que leurs auteurs projettent sont-ils dénués de réalisme ?
Prolonger des évolutions, comme peuvent le faire des démographes et des écrivains, avec l’hypothèse que demain sera à aujourd’hui ce qu’aujourd’hui est à hier, est un exercice aussi tentant que troublant. Qu’adviendrait-il de sociétés où les couples renonceraient durablement à avoir des enfants ? Que deviendraient les relations entre les générations si le vieillissement des populations se poursuivait indéfiniment ? Comment agirions-nous confrontés à une accélération des migrations climatiques ou face à une nouvelle pandémie ?
La démografiction qui nourrit cet essai soulève des questions dont l’importance ne peut être sous-estimée, même si le pire n’est pas certain.
Jacques Véron est démographe et directeur de recherche à l’Institut national d’études démographiques (Ined). Ses travaux portent principalement sur la relation entre population, environnement et développement ainsi que sur la démographie de l’Inde. Il a publié dans la collection « Repères » L’Urbanisation du monde (2006) et codirigé un Dictionnaire de démographie et des sciences de la population (Armand Colin, 2011).
Jean-Marc Rohrbasser, agrégé de philosophie et docteur en histoire des sciences, est notamment l’auteur de Dieu, l’ordre et le nombre (PUF, 2001).