Longtemps en gestation, l’intermittence du spectacle est effectivement mise en place en France durant les années 1960. C’est néanmoins à partir de la décennie 1980 que ce statut voit naître une suite régulière de conflits ponctuée de temps forts, que l’annulation de grands festivals pendant l’été 2003, en premier lieu celui d’Avignon, illustre de façon remarquable.
Régime particulier du système d’assurance chômage, à l’origine fermement soutenu par un État-providence culturel alors en plein développement, il n’en est pas moins décrié par certains groupes politiques ou syndicaux, provoquant des antagonismes fondamentaux (entre le MEDEF et les intermittents), des coopérations concurrentielles (entre la CGT et les coordinations), des incertitudes sociales (sur le statut de salarié ou de précaire des professionnels du spectacle).
Cet ouvrage, inédit par son ampleur, s’appuie sur un vaste travail documentaire, remontant aux années 1970, ainsi que sur des entretiens et des observations de terrain lancés dès les années 1990. Il constitue ainsi une somme de référence sur un régime aujourd’hui encore en lutte pour sa singularité.
Serge Proust est maître de conférences émérite habilité à diriger des recherches en sociologie à l’Université Jean-Monnet Saint-Étienne et chercheur associé au Centre Max-Weber. Il est spécialisé dans la sociologie du travail artistique. Ses recherches portent notamment sur les phénomènes de mobilisation des intermittents du spectacle, sur la population des étudiants en école d’art et sur les subventions des structures théâtrales. Il a publié entre autres ouvrages Le Comédien désemparé : autonomie artistique et interventions politiques dans le théâtre public (Economica, 2006).
Francis Pian parle de l’ouvrage dans la rubrique Littérature du Monde Libertaire (mise en ligne le 17.11.24) ►ici◄