Une minute de latitude est en cinq dimensions. La première est l’adaptation écrite d’une minute de captation quotidienne, de la vie portuaire de Marseille, durant dix mois, depuis le même angle de vue, au septième étage d’une tour vitrée : le lieu du travail. La seconde, sonore, est la transcription des conversations captées dans l’open space durant les temps de pause : le contrepoint. La troisième est une transposition graphique des photographies : la vignette. La quatrième dimension est la consigne méthodique d’une météorologie visuelle : le temps. La dernière est celle d’une échappée intérieure : la fugue.
Une minute de latitude est le résultat d’un travail du regard, d’une insistance sur le motif, et un journal de lutte contre l’enfermement.
Au nom de quoi faudrait-il consigner tout ce qui se déroule durant cette minute de capture ? Au nom d’une astreinte à l’exercice d’évasion ou d’un exercice d’enfermement sans la promenade ? L’échappée belle, un acte de résistance ? Au nom de quoi faudrait-il tout métamorphoser ? Au nom du mouvement interdit ? De la nécessité de la joie ? De la respiration ?
Écrivaine et critique, Véronique Vassiliou est l’autrice d’une vingtaine de livres. Poète polymorphe, elle pratique le croisement des genres (le dessin, la cuisine, la couture, l’écriture, la chronométrie, la botanique…). Une minute de latitude est son deuxième livre aux éditions Nous, après Mû (2021).