Dans les années 1980, les technocrates de Margaret Thatcher ont habillé du joli nom de « gouvernance » le projet d’adapter l’État aux intérêts et à la culture de l’entreprise privée. Ce coup D’État conceptuel va travestir avec succès la sauvagerie néolibérale en modèle de « saine gestion ». Nous en ferons collectivement les frais : déréglementation de l’économie, privatisation des services publics, clientélisation du citoyen, mise au pas des syndicats, ce sera désormais cela, gouverner.
Appliquée sur un mode gestionnaire ou commercial par des groupes sociaux représentant des intérêts divers, la gouvernance prétend à un art de la gestion pour elle-même. Entrée dans les mœurs, évoquée aujourd’hui en toute occasion et de tous les bords de l’échiquier politique, sa plasticité opportune tend à remplacer les vieux vocables de la politique. En cinquante courtes prémisses, Alain Deneault montre la logique de cette colonisation de tous les champs de la société par la gouvernance.
Car cette « révolution anesthésiante » doit être bien comprise : elle participe discrètement à l’instauration de l’ère du management totalitaire.
Gouvernance | le management totalitaire
Alain Deneault
Article mis en ligne le 26 novembre 2013
dernière modification le 8 juillet 2019