« Cher Guilloux,
À propos du Sang noir, j’y ai remis le nez, poussé par l’amitié. J’ai eu honte et je me suis senti très petit garçon. Je ne connais personne aujourd’hui qui sache faire vivre ses personnages comme tu le fais. Il n’y a plus de romanciers parce que nous n’écrivons plus avec le cœur et la tendresse. Enfin, j’en étais tout remué. »
L’un est breton, l’autre algérien, Guilloux est habité par le noir et aspire à la lumière, quand Camus, plus solaire, est rongé par le doute. Pourtant, lorsqu’ils se rencontrent à Paris en 1945, une amitié se noue immédiatement entre les deux écrivains. Ces fils du peuple, qui ont connu la pauvreté, sont animés par l’esprit de justice et de fraternité. Cette correspondance croisée ponctue quinze années d’une profonde affection, nourrie d’innombrables causeries, lectures, promenades et repas partagés.