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La Commune de Cronstadt | Crépuscule sanglants des Soviets
Ida Mett
Article mis en ligne le 18 octobre 2017
dernière modification le 21 juin 2019

L’insurrection de Cronstadt, présentée à l’époque par le pouvoir bolchevik comme un complot fomenté de l’étranger par des forces contre-révolutionnaires pas vraiment identifiées, a ses racines dans le mécontentement des marins, y compris des marins communistes, vis-à-vis des méthodes du commandement politique de la flotte baltique. Mais elle trouve sa cause immédiate dans la répression militaire du mouvement de grève déclenché à la fin de février 1921 par les ouvriers de Petrograd pour protester contre les énormes difficultés de ravitaillement dont ils souffraient ; cette protestation s’était étendue dans certaines usines à la revendication de libertés politiques et à la contestation du monopole du parti communiste. C’est en appui de cette protestation que, le 28 février, les marins de Cronstadt adoptent une série de 15 résolution dont voici la première : « Étant donné que les soviets actuels n’expriment pas la volonté des ouvriers et des paysans, (d’)organiser immédiatement des réélections aux soviets au vote secret en ayant soin d’organiser une libre propagande électorale. »

On est à la veille de l’ouverture du 10e congrès du Parti communiste. Même si des soulèvements paysans de faible ampleur se produisent encore ici ou là (comme ce sera encore le cas dans les années suivantes), les armées blanches ont été vaincues. En Ukraine méridionale, les troupes makhnovistes, qui ont contribué à cette victoire, sont en passe d’être écrasées. Le régime ne craint plus ni les résistances intérieures, ni l’intervention étrangère. En Arménie et en Géorgie, c’est lui qui intervient pour imposer des gouvernements soviétiques. Depuis près de trois ans, aucune organisation politique autre que le parti communiste n’a droit de cité.
Mais la famine menace, et Lénine va faire mettre en œuvre la Nouvelle Politique Économique (N. E. P.), rétablissant une certaine liberté du commerce. Au même congrès, pour mettre fin à l’intérieur du parti lui-même aux contestations, dont celle de l’Opposition Ouvrière, les fractions sont interdites. La direction du parti, consolidée par les victoires militaires et fragilisée par le chaos économique, renforce sa mainmise sur l’ensemble des décisions politiques.

L’heure n’est donc pas à la négociation avec les marins revendicatifs de Cronstadt. L’écrasement de leur mouvement, dénoncé comme contre-révolutionnaire, aura lieu pendant le congrès lui-même.

En écrivant ce livre en 1938, Ida Mett s’est donné pour but « de servir, par une analyse objective des évènements historiques, les intérêts vitaux du mouvement ouvrier… (d’)examiner ces thèses opposées à la lumière des faits et documents, ainsi que sous l’angle des évènements qui suivirent presqu’immédiatement l’écrasement de Cronstadt. »


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