Préface d’Eric Aunoble
On a souvent du mal à se représenter comment la Russie est passée de la prise du pouvoir par les bolchéviques fin 1917 à la terreur stalinienne. Sur les traces de Stephen A. Smith et son ouvrage Pétrograd rouge, Simon Pirani a choisi de décrire une partie du processus en étudiant la vie quotidienne et les conditions de travail des ouvriers de Moscou pendant la période 1920-24, et en se faisant l’écho de leurs revendications et de leurs protestations face à une classe dirigeante en formation qui alternait encore répression et dialogue.
L’auteur explique que les travailleurs soviétiques en général, au sortir des ravages de la guerre civile, firent le choix de soutenir nolens volens le nouveau régime, afin de rétablir la production des marchandises indispensables et un minimum de régularité dans les approvisionnements alimentaires – et ce malgré l’écrasement de la révolte de Cronstadt et des grèves de Pétrograd en 1921.
Mais ce choix, ils le firent, insiste Pirani, en sachant bien qu’en échange ils devraient abandonner les quelques libertés et pouvoirs politiques qu’ils détenaient encore.