Autorité, représentation, État… Voilà autant de catégories politiques qui, depuis des temps immémoriaux, servent à concevoir notre être ensemble dans ce monde et dans l’unique vie qu’il nous sera donné de vivre. Structurées comme une grammaire, nous fournissant un alphabet, elles nous obligent à penser sur un seul mode et dans une unique direction. La forme de vie étatique qui en résulte est cependant à l’origine de bien des misères et des destructions, de bien des dépossessions et des malheurs.
La pensée anarchiste vise justement à déconstruire les fondements toujours plus instables de la logique étatique et de ses intrusions dans les pratiques politiques. Elle propose aussi une voie de sortie à la terrible condition dans laquelle est plongé le plus grand nombre – contrairement à une minorité de privilégiés. Elle invite, enfin, à construire, non sans rigueur critique et autocritique, une société plurielle, horizontale, décentralisée, non hiérarchique et solidaire où la liberté et l’égalité, dans les différences et l’association, constituent la trame d’une vie en commun.
Salvo Vaccaro enseigne la philosophie politique à l’Université de Palerme. Acteur du mouvement anarchiste italophone depuis une quarantaine d’années, il est l’auteur d’articles, d’essais et de livres publiés dans différentes revues et par divers éditeurs libertaires. Par-delà les théories anarchistes, son domaine de recherche s’étend au post-structuralisme français du XXe siècle, à la théorie critique et aux dynamiques de la mondialisation et de la gouvernance.