En ce jour de novembre 2014, la petite lueur qui brillait nuit et jour dans l’entrée d’une demeure d’un village isolé de l’Ariège s’est éteinte à jamais. Alexandre Grothendieck, l’un des plus grands génies des mathématiques du XXe siècle, vient de rendre son dernier souffle à l’âge de 86 ans. Son nom est peu connu du grand public, pourtant ses pairs le situaient au niveau d’Albert Einstein et le considéraient parfois comme l’un des plus grands mathématiciens depuis Euclide.
Il était le fils d’un anarchiste russe qui a réussi l’exploit d’être condamné par le Tsar puis par Lénine et d’une Pasionaria, journaliste allemande. À vingt ans, il bouscule l’École française de mathématiques, l’une des meilleures au monde. La médaille Fields lui sera aussi attribuée en 1966, mais il la refusa. Inquiet pour l’équilibre de la planète, il devient l’un des fondateurs de l’écologie radicale. Au début des années 1970, il fuit tous les honneurs et s’oppose à toutes les institutions. Puis, en 1991, il s’isole dans un village de l’Ariège, dont le nom restera longtemps un secret bien gardé, et refuse tout contact avec le monde des hommes.
Alexandre Grothendieck fut un homme de conviction, pacifiste, antimilitariste et anarchiste. Comment et pourquoi un tel génie a-t-il procédé, par étapes successives, à son « enterrement » en se coupant toujours plus du monde des vivants ?