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Briseurs de grève
Valerio Evangelisti
Article mis en ligne le 11 novembre 2020
dernière modification le 29 avril 2021

«  Le responsable IWW du campement vint serrer la main de Johnson et des autres agitateurs. Bob fut tellement surpris qu’il faillit tomber à terre. Il s’agissait de Sam Dreyer, le vieil agent de la Pinkerton, l’homme de main, le cogneur.
“Alors, comment va ? T’as pas l’air en forme, tu ne te tiens plus debout ?
— Une gêne occasionnelle, minimisa Bob. À Kansas City j’ai connu l’un des vôtres. Un certain Dashiell Hammett. Tu le remets ?”
Dreyer afficha une expression de mépris.
“Il a démissionné. Il n’était pas à la hauteur. On n’arrivait pas à comprendre s’il était avec nous ou avec les misérables. Il leur trouvait mille excuses. Qu’il aille à l’Armée du Salut ! Les subversifs ont dépassé les bornes. C’est le moment des balles, pas des discours.”
 »

Bob Coates est un sale type. Fils du peuple, patriote, bigot, sexiste et raciste, il aime l’ordre et l’autorité.
En cette année 1877, qui marque le début du récit, son pays est en proie aux revendications et aux mobilisations ouvrières. Cet Américain moyen choisit de se ranger du côté du manche, il devient nervi au service de diverses agences patronales, dont l’agence William J. Burns, à l’origine du FBI.
Pendant cinquante ans, l’homme infiltre les luttes, attise les tensions internes, passe à tabac les grévistes. Ce chien de garde du capital ne recule devant aucune abjection.

Dans ce roman inspiré de faits réels, Valerio Evangelisti, auteur de la série Nicolas Eymerich (chez La Volte) et de Nous ne sommes rien, soyons tout (chez Rivages, 2008), retrace le face à face entre deux Amériques, et les heurs et malheurs de la classe ouvrière organisée états-unienne.
Un récit haletant et glaçant.