« J’ouvrirai le sexe d’Isabelle, j’écrirai dedans avec mon encre bleue »
“Aimer, c’est écrire”, déclare Violette Leduc dans une lettre à Simone de Beauvoir, celle qui durant toute sa vie d’écrivaine fut son modèle, son “interlocutrice privilégiée”, son impossible amour.
”Et vice versa”, ajoute Catherine Viollet dans une inversion lumineuse qui vaut aussi bien pour elle, tant elle aura mis de passion, d’attention et d’amour dans ses études de l’œuvre de Violette.
Comme son ami Jean Genêt, mais à partir de son expérience de jeune fille lesbienne, de femme bisexuelle, Violette Leduc voulait écrire la vérité de l’amour physique – le désir, le plaisir charnel, les sensations érotiques du corps à corps et du peau contre peau.
“Combien je voudrais notre viande nue sur la feuille de cahier”, réaffirme-t-elle encore dans La folie en tête, l’un des derniers livres parus de son vivant.
Entreprise audacieuse, passionnément poursuivie malgré la censure de ses éditeurs et dont il lui est maintes fois arrivé de douter.
Catherine Viollet en retrace ici le processus contrarié, déchiffre les “manuscrits millefeuilles” de l’écrivaine, son œuvre palimpseste maintes fois reprise, remaniée, amputée. Avec le projet – fou sans doute, mais qui trouvera peut-être à se réaliser – qu’un jour enfin les romans largement autobiographiques de Violette Leduc paraissent tels que Violette les avait écrits.