Daniel Guérin admire en Proudhon le toujours actuel pourfendeur de l’autorité et de l’État, le critique social de haute volée, le père de l’autogestion, en même temps qu’un très grand écrivain. Mais il ne l’accepte pas en bloc.
Dans une œuvre prolixe et touffue abondent les paradoxes, les outrances, les vues idéalistes et utopiques. Déconcertante est sa manière de balancer entre révolution et réaction, entre prolétariat et petite bourgeoisie, entre propriété privée et collective. Ce plébéien autodidacte, à la culture immense et brouillonne, est emporté souvent par sa faconde, son tempérament passionné, l’exubérance de son génie.
L’homme, tel que le révèlent les écrits intimes où il est plus directement lui-même (correspondances, notes de lecture, carnets) est un tourmenté, à la fois généreux et vindicatif, athée et spiritualiste, robuste et maladif, chaste et luxurieux.
Les quatre facettes de Proudhon qui sont traitées ici suggèrent, chacune, une appréciation positive et négative.