Concluant sa somme sur le premier âge du capitalisme, Alain Bihr explore dans les deux volumes du troisième tome la constitution d’un premier monde capitaliste. Il en traverse les différents cercles, en partant de son centre et en progressant vers ses marges. Ainsi sont examinées les différentes puissances d’Europe occidentale qui ont été, tour à tour, motrices de l’expansion outre-mer.
Saisir les avantages respectifs dont ces puissances ont successivement tiré parti renvoie à leurs relations conflictuelles et aux rapports de force entre les ordres et classes qui les constituent. La Grande-Bretagne, s’appuyant sur les Provinces-Unies et les acquis de sa révolution bourgeoise, finit par en sortir victorieuse, au détriment de la France.
L’auteur revient également sur le statut semi-périphérique et la forte hétérogénéité des États d’Europe baltique, centrale, orientale et méditerranéenne qui, cause et effet à la fois, ne peuvent prendre part à l’expansion européenne. Toutefois, certaines d’entre elles (la Savoie, la Prusse, la Russie) pourront réunir des conditions leur permettant, par la suite, de jouer dans la « cour des grands ».
L’ouvrage examine enfin les principales forces sociales marginales, affectées par l’expansion européenne mais encore capables d’y résister et, dès lors, de se développer selon leur logique propre. Ce qui explique à la fois pourquoi le capitalisme n’a pas pu naître dans la Chine des Ming et des Qing, en dépit de ses atouts évidents, et pourquoi, en se fermant, le Japon féodal a au contraire préparé les conditions de son rapide rattrapage capitaliste à l’époque Meiji.
Alain Bihr renouvelle et enrichit, grâce aux acquis historiographiques les plus récents, les intuitions et les analyses qui ont jalonné l’histoire du développement capitaliste.