L’aide médicale à mourir semble être devenue une convention sociale à laquelle on adhère afin d’éviter le plus possible la douleur, le sentiment d’être une charge ou une solitude accrue. Mais que signifie la volonté de devancer « l’heure » dans le contexte social actuel ?
Cet essai prend la forme d’un dialogue entre un médecin des soins palliatifs depuis trois décennies et une anthropologue pionnière de l’étude des rapports humains face à la mort. À partir de 40 mots-clés, il offre des facettes souvent inaperçues, voire taboues, des réalités de la maladie, du soin et du lien social présentes lorsque la mort se profile à l’horizon. Il cherche à discerner les besoins psychiques et socioculturels à l’origine de la demande d’une devancée, ainsi replacée au sein des transformations contemporaines de notre rapport à la mort.
En éclairant tant les mouvements culturels que l’anticipation du deuil des individus, une question traverse ainsi ce livre : le souhait d’accélérer le tempo vers la mort serait-il aussi une de nos manières actuelles de ruser avec le destin ?