« Je ne crois pas à l’étranger parce qu’il est moi. Je crois à son étrangeté, oui. Ses différences, je les vois. Il me fait éprouver l’altérité. Il nourrit ma curiosité, me complète, me rend plus vaste, plus grand que moi-même, plus haut que moi-même.
Et merde à la fin ! N’avons-nous pas suffisamment de place sur les six cent quarante-trois mille huit cent un kilomètres carrés du pays pour accueillir quelques milliers de personnes ? Avons-nous si peu envie de rire avec l’autre, d’échanger avec l’autre, de vivre avec l’autre ? Sommes-nous contraints de subir indéfiniment le métro-boulot-dodo, les calmants de la télé, du football et du loto pour supporter ces vies de hamster cloisonnées chez soi, bien chez soi, loin de l’autre, là, l’étranger avec ses mauvaises intentions, qui vient voler notre boulot, c’est sûr, et notre chômage et nos allocs, aussi, et puis violer nos filles, abâtardir nos gênes, voler nos poules. Voleurs de poules, va !
Migrants de tout poil, nomades de tous pays, sachez-le, conquistadors en haillons, miséreux errants, vous n’êtes pas les bienvenus.
Eh bien si ! Vous êtes les bienvenus ! »
Jean-Louis Chabert, journaliste de la presse quotidienne régionale, ne trouve plus aucun sens à son métier. Il parraine une famille de demandeurs d’asile au sein du Réseau éducation sans frontière de Carcassonne. Loin des images chocs de migrants mourant en mer et des discours politiques sur l’immigration, l’action se déroule sur un an, dans le quotidien parfois ingrat, parfois drôle, souvent difficile, de l’aide au demandeurs d’asile.
Avec ce récit, il met des visages et des noms sur les quotas. Aux questions sur l’accueil, l’enfance et les frontières, il mêle des portraits de femmes et d’hommes qui, à contre-courant d’une époque hostile à l’étranger, refusent les murs et veulent tendre des ponts.