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"Cette petite anthologie sur le communisme esquisse un projet de société libertaire conscient des leçons à tirer de l’histoire, et passant hors des sentiers battus du dogmatisme".C’est dans cette optique que l’ouvrage présente quelques textes anarchistes entrecoupés d’écrits de Marx, Engels et Luxembourg.
La fin du XXe siècle aura marqué un tournant dans l’histoire du socialisme, celui de la désillusion. La social-démocratie s’éloigne rapidement de l’action de base du socialisme et ainsi du quotidien des travailleurs ; l’essence révolutionnaire est étouffée par la soumission au système et par l’acceptation de tous ses critères de gestion.
Quant au « communisme » comme forme d’organisation sociale, il a été sali, trompé et pointé du doigt par le monde entier, depuis l’instauration de la dictature bolchevique en Russie et aux autres échecs du communisme falsifié à travers le monde.
Aujourd’hui, plus de vingt ans après l’effondrement du bloc de l’Est, ce mot n’évoque plus qu’une chimère d’un passé révolu. Les jeunes générations se trouveraient-elles seules face à un horizon bouché, face à la fin de l’histoire ? Avec la fin des grandes idéologies, l’opposition réelle s’est trouvée réduite à de vagues mouvements contestataires, disparaissant aussi vite qu’ils ont surgi, face à une social-démocratie se targuant d’être « pragmatique » en renvoyant le socialisme aux calendes grecques.
La social-démocratie a ainsi retiré au socialisme son caractère révolutionnaire au profit d’une politique d’adaptation à l’économie de marché en prônant l’électoralisme et le parlementarisme.Au temps des grandes désillusions, le communisme libertaire est considéré comme une utopie anachronique sans intérêt et ses partisans sont largement marginalisés du champ politique dans son ensemble. Pourtant, il n’a jamais été aussi nécessaire qu’aujourd’hui de former l’ossature d’une alternative révolutionnaire de masse à opposer au réformisme et aux égarements autoritaires, de relier à cette ossature un mouvement militant réel et de rallier tous les militants prêts à rompre avec les icônes du passé et les concepts élitistes comme la direction « éclairée » du parti ou la nationalisation des moyens de production.
Pour cela, il est nécessaire de trouver un pont entre l’anarchisme et le marxisme sur la question du dépérissement de l’État : l’anéantissement de celui-ci ne peut être à lui seul un projet de société. La tâche des révolutionnaires est alors de proposer clairement une autre forme d’organisation sociale gérée de bas en haut par les conseils ouvriers, et d’opposer à la nationalisation l’autogestion des moyens de production par la société elle-même.
Pour cela, il est indispensable de dépasser l’aveuglement et le sectarisme de l’orthodoxie marxiste et du catéchisme anarchiste : notre devoir est de sortir des dogmes pour élaborer un projet nouveau ; le communisme libertaire.Cette anthologie a pour but d’ouvrir des perspectives sur ce communisme nouveau en puisant dans la littérature révolutionnaire passée. La mise côte à côte d’auteurs anti-autoritaires comme Bakounine, Kropotkine, Malatesta et des théoriciens de l’école allemande comme Marx, Engels et Rosa Luxemburg permet de donner une vision globale des réflexions énoncées sur le sujet, car bien que libertaires, nous ne renions en rien l’analyse marxiste du capital et de la lutte des classes, analyse qui trouve encore tout son sens aujourd’hui.
Nous débutons cette anthologie avec deux textes de Daniel Guérin qui préfigurent ce communisme libertaire et introduisent parfaitement les autres textes. Avec Le Communisme, nous entendons donner des pistes pour envisager le socialisme de demain qui, contrairement à ce que l’on voudrait nous faire entendre, n’ont en rien perdu de leur pertinence politique en ce début de XXIe siècle.