La mondialisation n’est pas un processus heureux et pacifique : la compétition économique et territoriale entre les États suscite des conflits sur toute la planète. La France joue sa partition dans cette évolution délétère, qui a mené plus de 115 interventions militaires depuis la disparition de l’URSS pour maintenir son rang de plus en plus contesté de puissance internationale.
Avec quelles conséquences ? Elle a fait de la vente d’armes et du nucléaire les derniers leviers de sa politique industrielle, au détriment de secteurs autrement utiles à la population.
En s’arrogeant les questions de défense nationale, les présidents successifs ont accentué les traits autoritaires de la Ve République, un régime façonné par des coups de force militaires. L’armée française est aujourd’hui présente dans les rues, dans les Conseils de défense sanitaire, et partout sur le globe où les intérêts de Total, Bolloré et consorts la mènent. Les lois liberticides se suivent, donnant plus de pouvoir à l’Administration et à la police, hors de tout contrôle démocratique.
Au nom de la lutte contre le terrorisme, on traque, on fiche et on malmène tous azimuts les musulmans, les habitants des quartiers populaires, les syndicalistes, les militants écologistes, tandis que des officiers signent des « tribunes » menaçantes…
À l’ère de la mondialisation armée, l’État français s’est radicalisé.
Claude Serfati a été enseignant-chercheur en sciences économiques à l’université de Saint-Quentin-en-Yvelines. Il est membre du conseil scientifique d’ATTAC France.
Du même auteur, toujours disponible : Le Militaire - Une histoire française (éditions Amsterdam, 2017)