Les marins de Kronstadt avaient activement participé à la révolution russe de février 1917 qui balaya le tsarisme, au nom de grandes aspirations : la paix immédiate, la prise de la terre par les paysans et des usines par les ouvriers, une immense espérance symbolisée par le mot d’ordre : "Tout le pouvoir aux soviets !". Lénine, leader du parti bolchévik, sut, par la plus extrême démagogie, séduire les soviets pour, en leur nom, faire un coup d’Etat contre le gouvernement provisoire socialiste. Ce fut le début d’une évolution totalitaire du parti communiste (nouveau label du Parti depuis février 1918), baptisée faussement "dictature du prolétariat". La suppression des libertés acquises devait engendrer une terrible guerre civile opposant les léninistes à tous ceux qui les contestaient. Devant le blocage des conquêtes sociales et politiques obtenues auparavant, des grèves ouvrières se déclenchèrent à Pétrograd. En mars 1921, par solidarité, éclate l’insurrection des marins, soldats et ouvriers du port militaire de Kronstadt. Les insurgés, fidèles aux idéaux de la Révolution, veulent supprimer la dictature du parti communiste au nom du pouvoir des soviets librement élus. Ceux dont Trotsky avait dit qu’ils étaient "la gloire et la fierté de la Révolution" vont être désormais présentés comme des contre-révolutionnaires, leurs mots d’ordre déformés. Encerclés et pris d’assaut, ils seront impitoyablement liquidés, une partie seulement parvenant à passer en Finlande. S’appuyant sur des témoignages de première main, notamment celui du commandant provisoire de Kronstadt retrouvé en émigration en France, ainsi que sur des archives secrètes rendues publiques en Russie, cette étude est indispensable pour comprendre la Révolution. S’y ajoutent des documents et photos inédites des insurgés.
Alexandre Skirda
Kronstadt 1921. Prolétariat contre dictature communiste
Alexandre Skirda
Article mis en ligne le 21 mars 2013
dernière modification le 23 mai 2020