Dwight Macdonald (1906-1982), rédacteur en chef de Partisan Review entre 1937 et 1943, avant de fonder sa propre revue politics (1944-1949), devenu trotskiste sans avoir été stalinien, puis pacifiste et anarchiste, ami d’Orwell qu’il accueillera dans politics, il fut, comme lui, inséparablement hostile au capitalisme et à la bureaucratie stalinienne.
Singulier aussi par sa capacité à remettre en cause ses propres certitudes, réfractaire à l’esprit de parti et à tout dogmatisme, il fut l’un des premiers à discerner qu’Auschwitz et Hiroshima marquaient le début d’une époque nouvelle. Si Dwight Macdonald n’est certes pas un théoricien, la proximité de ses analyses avec celles d’Hannah Arendt ou de Günther Anders saute aux yeux. Mais il demeurera jusqu’au bout un essayiste – ce qu’au XIXe siècle on appelait un publiciste.
Il excellait autant à ferrailler contre les gros mensonges et les petites lâchetés (comme dans les textes consacrés à Hemingway et à Eisenstein) qu’il savait se montrer acéré dans la dénonciation du mythe du progrès, de la science, de l’aliénation moderne ou de la banalisation de l’horreur dans les sociétés de masse ; sans jamais vouloir perdre de vue les possibilités de renversement, en quoi il se distinguera définitivement de ce qu’allaient devenir la plupart des « intellectuels new-yorkais » de son temps.