Si, dans ce numéro de Réfractions, il est peu question directement des manifestations et événements récents, on y trouvera pourtant quelques échos.
Le projet de ce numéro date de plus d’un an, bien avant, donc, les événements de novembre 2005 et de mars-avril 2006. Mais il était déjà beaucoup question du « danger » représenté par la jeunesse, en particulier celle des cités, du manque de repères, du nécessaire retour aux valeurs, etc. On assiste depuis quelques années à un retour en force des idéologies conservatrices. Les philosophes volent au secours des politiques pour nous asséner que c’est nous les conservateurs, qui voulons non seulement conserver quelques-unes des « avantages » chèrement acquis au cours des siècles précédents, mais qui pensons aussi que les « lois du marché », la « mondialisation » et autres concepts qu’on nous présente comme inéluctables, ne le sont pas du tout ; qu’ils mènent à la misère croissante et aussi à une détérioration irréversible d’un environnement naturel dont nous sommes partie intégrante.
Et, depuis plusieurs années, on tente de contrôler l’incontrôlable, en particulier en prônant un retour aux vieilles méthodes d’éducation « qui ont fait leurs preuves » et en même temps en renforçant la répression aux dépens de l’éducation. On construit des prisons pour mineurs, des Centres d’éducation fermés. Mais cet intérêt conjectural ne signifie peut-être pas autre chose que l’inquiétude d’une société quant à son propre sort.