De la révolte de Spartacus à la guerre des Paysans, de la rébellion des Boxers en Chine à celle des Diggers et des Levellers en Angleterre, des luttes des ouvrières du textile dans l’Amérique de la fin du XIXe siècle à la révolution russe, ce livre adopte le point de vue des délaissé-e-s de l’histoire « officielle ». Il offre une formidable plongée dans les combats que n’ont cessé de mener, à toutes les époques, les révolté-e-s, les dominé-e-s et les minorités du monde entier pour affirmer leurs droits et leur légitimité politiques. L’ambition de Chris Harman est à la fois de montrer que l’Occident n’est pas le centre universel de l’humanité, et que ce sont les rapports de forces au sein d’une société, les interactions entre les humains et la nature, entre les humains et les techniques, entre les humains et les idées, qui fondent les dynamiques des changements sociaux.
Point ici de rois et de reines, de généraux, de ministres ou de prétendus « grands hommes », mais des femmes et des hommes ordinaires qui ont dû lutter, s’organiser, mettre en place des stratégies de résistance et de conquête contre des puissances et des systèmes oppressifs : le servage, le féodalisme, le colonialisme, le capitalisme. Et si aujourd’hui le système capitaliste semble avoir colonisé jusqu’aux corps et aux esprits, l’histoire, nous prévient Harman, réserve des surprises : elle n’est pas une mécanique déterminée par un ensemble de coordonnées préexistantes ; elle est ouverte aux possibles et peut basculer, pour peu que les forces nécessaires soient capables de s’organiser, dans le sens d’une forme de société véritablement émancipatrice.
Ce livre est un hommage vibrant aux « vaincus de l’histoire » chers à Walter Benjamin, qui continuent de nourrir notre époque de leurs potentialités révolutionnaires.