préface d’Hervé Le Corre
« Je t’offre ici l’histoire de ma vie. Je ne doute pas que, vu son originalité, sa lecture t’inclinera à n’y voir que des mensonges. Ne crois pas, toutefois, que je veuille te convier à reconnaître ton erreur, c’est une peine que je ne veux pas prendre. »
En 1898, un ouvrier italien, Luigi Lucheni, poignarde Sissi impératrice d’Autriche. Condamné à perpétuité et emprisonné à Genève, il apprend le français et commence la rédaction de ses « mémoires ».
Son récit, celui d’un enfant abandonné, bringuebalé d’orphelinats en familles d’accueil qui feraient passer les Thénardier pour des humanistes, s’interrompt brutalement après que des gardiens eurent volé ses cahiers. Il est retrouvé pendu dans sa cellule peu après.
Ce cri de rage écrit en prison est le récit poignant d’une enfance volée, d’une terrible violence sociale. Lucheni n’exprime ni remords ni justification et son texte n’en est que plus saisissant.
Luigi Lucheni est né à Paris en 1873. Abandonné par sa mère, de père inconnu, son nom devient célèbre dans le monde entier lorsqu’il assassine l’impératrice d’Autriche en 1898. Il se revendique comme anarchiste et dit avoir voulu d’abord tuer Philippe, duc d’Orléans, avant de décider de frapper à travers l’impératrice « les persécuteurs des ouvriers ».