Ce livre est une hérésie qui manie les catégories marxiennes sans dogmatisme en utilisant les armes de la critique féministe.
Il propose un examen systématique explorant les rapports réels que le capital entretient en secret avec les pourvoyeuses de soins, de sourires et de sexe. L’apparente naturalité de l’amour et du couple est une puissante idéologie qui invisibilise le fonctionnement et la fonction de la famille capitaliste.
Portée par l’ambition de démystifier l’arcane de la reproduction, Fortunati fait apparaître dans toute sa complexité le processus de (re)production de la marchandise force de travail qui est en jeu derrière la subordination des femmes.
Rejetant la thèse du travail ménager improductif, cette démonstration théorique audacieuse rabat les cartes de la théorie de la valeur et soutient que l’extorsion de la plus-value domestique est cruciale à l’accumulation du capital.
Le monde de la reproduction s’impose comme le miroir de la production, comme un lieu bombardé par mille comportements de rébellion, comme le rejet de la maternité, du mariage ou de l’hétérosexualité. L’attention portée ici à la crise de la famille sous l’impact de la restructuration et des luttes est à la fois une archéologie du présent et un atout pour penser un changement de cap féministe révolutionnaire.
Aux antipodes des approches libérales et de la gauche masculine, Fortunati appuie la lutte contre le travail, à partir du travail domestique et du travail du sexe, pour la destruction définitive du travail.
Leopoldina Fortunati est une féministe marxiste italienne née en 1949 et militante opéraïste dans les années 1970. Elle est aujourd’hui chercheuse et professeure de sociologie à l’université d’Udine spécialisée dans l’impact social de la technologie et des nouveaux médias.
Traduit de l’Italien par Marie Thirion.
Préface de Silvia Federici.