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Trap
Collectif
Article mis en ligne le 24 octobre 2021
dernière modification le 23 octobre 2021

La trap est autant célébrée que stigmatisée et criminalisée. Elle évoque le rap obsessionnel d’artistes comme T.I., Young Jeezy, Gucci Mane, Young Thug ou Future, les planques d’Atlanta et la prison, aussi bien que les trilles de caisses claires devenues incontournables dans les tubes de Miley Cyrus ou Ariana Grande.
La trap est ainsi passée d’une tendance propre aux scènes rap à un répertoire de techniques et d’affects qui aimantent aujourd’hui des artistes de musique pop ou électronique du monde entier.

Ce recueil a été élaboré en allant chercher les personnes qui avaient déjà écrit sur ce genre musical, cette sensibilité, ces scènes tels qu’ils s’étaient cristallisés dans le rap depuis le début des années 2000.
Si elle ne suit pour l’heure que certaines de ses manifestations entre les Etats-Unis et l’Europe – laissant de côté nombre de voix et de pays, y compris le nôtre – elle rassemble des essais critiques qui enrichissent notre expérience d’amateurs de rap en s’intéressant à ses conditions d’émergence et de circulation, aux vies incarnées ou mises en scènes dans ses productions, ou au quotidien des artistes.

Ce livre s’attache ainsi à des histoires d’enfermement et de fuite, en relayant les ambivalences d’une musique ancrée dans diverses scènes et communautés (locales, diasporiques ou médiatiques) mais souvent sortie de ces contextes, à la fois liée au quotidien et spectaculaire, revendiquant l’authenticité en ne cessant d’inventer des formes, fédérant un large public tout en restant terrain de conflits, quand elle n’est pas tout simplement criminalisée.
À ce titre, Trap répercute l’intensité de cette musique autant que les problèmes qu’elle pose. Ce livre revient souvent sur la joie et le désespoir qui accompagnent l’acharnement dans la débrouille, le deal et la musique, mais fait aussi apparaître la part de la dépense, de l’excès, de l’improductivité.
Même si nous avons aussi veillé à ne pas nous limiter à ce prisme, son point de vue particulier consiste sans doute à entendre dans la morale et dans les affects de la trap américaine les résonances directes et indirectes du capitalisme carcéral.
En plus de ses réussites esthétiques, c’est aussi ce qui fait que la trap nous interpelle et nous parle, quand bien même elle met en scène des situations qui nous seraient éloignées.

Pour terminer, Trap expose surtout ce qu’entendent dans cette musique des personnes qui l’écoutent avec passion, et qui sont généralement occupées à faire de la littérature, à écrire pour la presse, à mener des enquêtes en sciences humaines, ou à faire du travail social.
Ce livre donne avant tout à lire ce qu’elles ressentent et pensent à l’écoute d’un piège fait musique, d’une musique faite piège.