« Ne t’intéresse pas la politique, ne lis pas les journaux, n’écoute pas la radio, ne les laisse pas te baiser, ne va pas sur Internet, ne vote pas aux élections, ne soutiens pas la démocratie » : voici les premiers mots du chapitre « La marche de la gauche », dans le roman Anarchy in the UKR dont le titre reprend une chanson des Sex Pistols.
Le jeune narrateur, un peu paumé et très attachant, est sans cesse en mouvement : il parcourt le pays en train, en bus ou en stop, à travers les paysages de friches industrielles de l’Ukraine postsoviétique.
Dans une sorte de pèlerinage éthylique sur les lieux de l’anarcho-communisme, il se rend compte qu’il n’en reste rien, et que tout le monde a oublié Nestor Makhno, le fondateur de l’Armée révolutionnaire insurrectionnelle ukrainienne. Et pourtant, en 2004, à Kharkiv, devant le monument à Lénine, l’anarchisme et la révolution semblent revivre, dans ce qu’on appellera par la suite la Révolution orange.
La deuxième partie du livre, intitulée Journal de Louhansk, raconte le voyage de Serhiy Jadan à travers le Donbass en avril-mai 2014, juste après la révolution de Maïdan. L’écrivain rapporte ce qu’il voit sur le terrain, ses rencontres et l’état d’esprit des habitants et des combattants séparatistes. Par cette plongée dans les événements qui ont secoué le pays, Jadan dresse le portrait d’une population très diverse, apte à surmonter les difficultés et maniant avec bonheur l’humour et l’autodérision.