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Walter Benjamin - Histoire d’une amitié
Gershom Scholem
Article mis en ligne le 25 octobre 2022
dernière modification le 24 octobre 2022

Gershom Scholem et Walter Benjamin, deux Juifs berlinois appartenant à la même génération, refusent d’emblée le mensonge et le confort. Scholem quitte dès 1923 Berlin pour Jérusalem. Il y édifiera une œuvre magistrale. À ses certitudes s’opposent les hésitations de Benjamin, la dispersion de ses écrits, la précarité de ses entreprises universitaires et littéraires, son balancement entre les séductions du marxisme et un sentiment très vif de son appartenance au judaïsme. Il envisagera même de s’installer en Palestine.

Témoin lucide, Scholem évoque les phases et les lieux de cette amitié : le Berlin de la guerre et de l’après-guerre, la Suisse, le Paris de 1927 et de 1938. Lettres à l’appui, il apporte des précisions sur l’attitude de Benjamin envers le sionisme et le communisme, sur ses relations avec d’autres figures des lettres allemandes de son temps : Brecht, Buber, Ernst Bloch, Hannah Arendt, Adorno, Horkheimer et l’École de Francfort.

Il retrace la formation de la pensée de Benjamin, sa conception du rôle du critique littéraire, ses goûts artistiques, sa position ambiguë devant le marxisme. Il constate son double refus ; ni Moscou, ni Jérusalem, puis le caractère tragique de son exil : pour Benjamin, chassé d’Allemagne par le nazisme en 1933, Paris, « capitale du XXe siècle », siège d’une littérature dont il est le critique et le traducteur (Baudelaire, Proust), sera un lieu de solitude et d’angoisse avant le suicide d’octobre 1940 à la frontière espagnole.

Au moment où l’œuvre de Walter Benjamin est l’objet d’une attention croissante, cet essai de Gershom Scholem est une contribution essentielle à sa compréhension.


Gershom Scholem (1897-1982), né à Berlin, émigre en 1923 en Palestine et devient professeur à l’Université hébraïque de Jérusalem dès 1925. Il entame alors une réflexion sur l’histoire et la philosophie du judaïsme, dont il deviendra une grande voix. Il a été président de l’Académie israélienne des sciences.