Berceau des nouvelles technologies (Google, Apple, Facebook, Netflix, Twitter, etc.), la Silicon Valley incarne l’insolente réussite industrielle de notre époque. Cette terre des chercheurs d’or, devenue après-guerre, le cœur du développement de l’appareil militaire et des systèmes informatiques, est aujourd’hui le lieu d’une frénésie innovatrice qui entend capitaliser sur chaque souffle de vie, tout en déclarant œuvrer au bien de l’humanité.
Mais la Silicon Valley ne renvoie plus seulement à un territoire, c’est aussi et avant tout un esprit, en passe de coloniser le monde. Une colonisation d’un nouveau genre – une silicolonisation –, portée par de nombreux missionnaires : industriels, économistes, universités, think tanks, lobbys…, mais aussi par une classe politique qui encourage l’édification de « valleys » sur les cinq continents, sous la forme d’« écosystèmes numériques » et d’« incubateurs » de start-ups.
Après avoir retracé la généalogie de la Silicon Valley, ce livre, à la langue claire et précise, montre comment l’alliance entre la pointe avancée de la technoscience, le capitalisme le plus conquérant et les gouvernements sociaux-libéraux, profite à un groupe restreint d’entités détenant un pouvoir sans cesse croissant sur nos existences. Cette silicolonisation du monde instaure une marchandisation intégrale de la vie et une organisation algorithmique de la société.
Ce livre lance une alerte sur les dangers de ce puissant mouvement, qui façonne nos vies et la société, sans le consentement des citoyens ni débat politique à la hauteur des enjeux.
La silicolonisation du monde | L’irrésistible expansion du libéralisme numérique
Éric Sadin
Article mis en ligne le 27 octobre 2016
dernière modification le 8 juillet 2019