Paix entre nous, guerre aux tyrans !
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l’air et rompons les rangs ! [...]
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux.
Quelle est la vie sociale de l’arme dans les constellations révolutionnaires durant la IIIe République ? Quelles sont les interactions entre le porteur et cet artefact surchargé d’affects, d’imaginaires et de potentialités ? L’arme est‐elle émancipatrice ou aliénante ?
Le modèle du citoyen insurgé de la République sociale de 1792, exerçant sa souveraineté un fusil à la main, est incarné une dernière fois par les communards. L’insurrection laisse progressivement place à la grève générale ou au bulletin de vote. Pourtant, l’arme ne disparaît jamais des horizons et des luttes sociales. Entre sphinx et spectre, elle souligne la difficulté de se penser révolutionnaire et désarmé sous une République d’ordre.
La fusillade de Fourmies en 1891, les crosses en l’air du 17e en 1907, le « citoyen Browning » de La Guerre sociale, les centuries du « capitaine » Treint, les affrontements antifascistes des années 1930 ou encore les prises d’armes inouïes des grèves de 1947‐1948, tels sont certains des épisodes relatés dans cette étude inédite et minutieuse.
L’Auteur :
Éric Fournier, né en 1975, est maître de conférences en histoire contemporaine au Centre d’histoire du XIXe siècle de l’université Paris‐I. Il est l’auteur de Paris en ruines (Imago, 2008), La Cité du sang (Libertalia, 2008), La Belle Juive (Champ Vallon, 2012), La Commune n’est pas morte (Libertalia, 2013). Ce livre est issu de son habilitation à diriger des recherches.