« Les proscrits coudoient toutes les misères, disait le grand Florentin ; mais Hugo avait plus d’intelligence que Dante. Avec un art que n’égala jamais Barnum, il fit de l’exil la plus retentissante des réclames. L’exil était l’enseigne criarde et aveuglante accrochée à sa boutique de librairie de Hauteville House. Les rois ne l’avaient pensionné que d’une somme de 3 000 francs ; sa clientèle bourgeoise lui valait 50 000 francs par an. Il n’avait pas perdu au change. Il trouva que l’Empire avait du bon : “Napoléon a fait ma fortune”, avouait-il dans un de ces rares moments où il déposait sa couronne d’épines. »
Publié à l’occasion de la panthéonisation de Victor Hugo en 1885, ce texte iconoclaste de Paul Lafargue (1842-1911, auteur du Droit à la paresse) s’attaque frontalement au père des Misérables, considéré comme un homme de lettres talentueux, mais davantage préoccupé par ses propres profits que par la condition humaine. Un pamphlet implacable.