Cet abécédaire nous invite à une relecture subjective et combative du mouvement contre la « loi Travail », celle de deux syndicalistes libertaires happés par la jeunesse et la créativité d’une dynamique contestataire qui a revigoré la lutte collective. Avec des dizaines de milliers d’autres, Nathalie Astolfi et Alain Dervin sont descendus dans la rue le 9 mars 2016. Ils n’en sont, pour ainsi dire, plus remontés jusqu’au 127e jour de ce long mois de mars qui a vu le pays se transformer une fois encore en foyer d’aspirations révolutionnaires.
Ils y ont vu les cortèges de tête ingouvernables et bigarrés inverser le tempo des manifestations, délibéré sous la Grande Ourse dans ces coeurs bruissant d’autogestion et de démocratie directe que furent les Nuits debout, répondu, le 28 avril, place Commune, à l’appel à la convergence des luttes, participé à l’organisation juridique et matérielle de la défense collective, senti le pouvoir trembler sur ses bases et s’enfoncer dans la spirale de la répression, vu fleurir les k-ways noirs et les solidarités dans l’air saturé de lacrymo des manifestations sous état d’urgence, observé sans fléchir l’énième détournement de la volonté populaire par les institutions et le 49.3.
Surtout, ils donnent à comprendre qu’en se réappropriant ainsi le pouvoir de penser et d’agir collectivement, une telle lutte n’a pas fini de couver ses braises.