« On qualifie l’étranger d’ingrat, dans la mesure où il refuse de reconnaître que le modèle culturel qu’on lui propose lui procure asile et protection. Mais les gens qui le traitent ainsi ne s’aperçoivent pas que, au cours de sa phase de transition, l’étranger ne considère pas du tout ce modèle comme un asile protecteur, mais bien plutôt comme un labyrinthe dans lequel il a perdu tout sens de l’orientation. »
Les deux « essais de psychologie sociale » qui composent ce volume, L’Étranger et L’Homme qui revient au pays ont été écrits en 1944 et 1945, alors que Schütz lui-même, ayant récemment fui son pays, se trouvait précisément dans la situation de l’immigrant.
Au carrefour de la sociologie, la philosophie et l’anthropologie, il analyse les difficultés éprouvées par l’homme qui quitte son groupe d’origine pour s’intégrer dans un nouvel ensemble social.
Alfred Schütz est né à Vienne en 1899. Il publie en 1932 sa thèse, L’Édification significative du monde social. En 1939, il s’exile aux États-Unis et anime un séminaire à la New School of Social Research, où enseignent également Hannah Arendt et Hans Jonas. Il meurt à New York en 1959. Dans la lignée de Georg Simmel ou Max Weber, il a développé une philosophie des sciences sociales tournée avant tout vers l’individu.