Mondialement connue mais peu traduite en français, la revue Subaltern Studies (Études sur les subalternes) a été une tentative inédite d’écrire l’histoire de l’Inde coloniale à rebours des traditions élitistes, qu’elles soient académiques ou nationalistes, et ce, en redonnant toute leur place aux dominés et exploités et à leurs révoltes.
Le terme Subaltern Studies ne désigne pas une école, mais une série de douze volumes collectifs, parus entre 1982 et 2005, dont l’orientation historiographique vise à rétablir le peuple comme sujet de sa propre histoire.
Le titre programmatique donné à la série reprend la terminologie forgée par Gramsci dans ses Cahiers de prison et se nourrit des travaux d’E P. Thompson ou encore de Rodney Hilton et des tentatives d’ « histoires par le bas » permettant de contrecarrer la domination de la vision des élites sur l’histoire sociale, en postulant l’existence d’un domaine autonome de la politique du peuple.
Cette courte anthologie offre un aperçu de la radicalité et de la diversité des approches théoriques et méthodologiques des participants à la revue, ainsi que des nombreux débats ayant accompagné cette contribution décisive à l’histoire sociale des « Sud ».
Nous présentons ici cinq articles emblématiques de la série, introduits par Vanessa Caru.