L’expansion de l’Internet a suscité rapidement le même attrait, et dans une proportion encore accrue, puisque le développement de la micro-informatique et des réseaux permettait à des coûts plus réduits, et même sur des initiatives solitaires, de diffuser idées et informations. La mouvance libertaire s’est donc précipitée dans la « toile » avec enthousiasme, convaincue d’y trouver un espace de liberté d’expression et de circulation difficile à placer sous contrôle. Avec la satisfaction aussi de constater l’efficacité du courrier électronique dans l’organisation et la coordination d’interventions publiques et de manifestations.
Les internautes libertaires percevaient bien, par la force des choses, l’envahissement progressif des réseaux par la publicité et le commerce, mais ne s’interrogeaient guère sur l’outil même qu’ils utilisaient, sur les structures intellectuelles qui le portaient, les valeurs et les croyances que celles-ci véhiculaient, ni sur les attitudes mentales et les comportements que l’usage de l’Internet pouvait générer et généraliser à plus ou moins longue échéance.