Depuis un siècle, des hommes font le choix de la vasectomie.
Louée pour ses prétendues vertus rajeunissantes par des médecins, prônée comme réponse à la question sociale par des eugénistes et des néomalthusiens, adoptée comme méthode de contraception clandestine par des anarchistes, la stérilisation masculine fait parler d’elle en Europe dès les années 1920.
Grâce à la simplicité de sa technique, elle est envisagée après la Seconde Guerre mondiale comme une solution face à la peur d’une explosion de la population mondiale.
En France, elle demeure longtemps une pratique quasi exclusive des milieux libertaires avant d’entrer enfin dans les cabinets médicaux.
La contraception masculine – notamment la vasectomie – suscite un intérêt croissant. Elle interroge la relation des hommes à la virilité ainsi que le partage des responsabilités contraceptives.
Mais au-delà des questions de genre, réintégrer la vasectomie dans l’histoire et l’actualité de la contraception permet de décaler le regard sur les enjeux politiques de la procréation.
Et de poser une question toute simple : alors les gars, quand est-ce que vous vous y mettez ?
Élodie Serna est docteure en histoire contemporaine. En 2018, elle a soutenu à l’université de Genève sa thèse préparée sous la direction de Sylvie Aprile et Sandrine Kott, Faire et défaire la virilité. Les stérilisations masculines volontaires en Europe dans l’entre-deux-guerres (à paraître, PUR). Chercheuse indépendante associée à l’université de Lille, elle poursuit ses travaux de recherche, notamment au croisement de l’histoire de la médecine et de la sexualité.