Des Caraïbes à la Papouasie, l’enchevêtrement inextricable des lianes entrave la pénétration coloniale. Premier obstacle à la quête de l’Eldorado et au régime des plantations, la liane est le serpent, l’hydre végétale qui, aux yeux du colon, fait d’une forêt vierge et tentatrice un enfer vert.
Tout en torsions et contorsions, la langue fourchue des lianes ne peut sécréter qu’une sagesse de singe : un gai savoir qui convertit, l’espace d’une grimace, la douleur de l’oppression en éclats de rire. Dénètem Touam Bona met en scène la sagesse subversive des luttes « indigènes » contre la marchandisation intégrale du vivant, dont l’anthropocène n’est que l’ultime avatar.
Dénètem Touam Bona. Collaborateur de l’Institut du Tout-Monde (centre dédié à l’œuvre d’Édouard Glissant) et de revues telles qu’Africultures ou Terrestres, il est l’auteur d’un essai philosophique et littéraire : Fugitif, où cours-tu ? (PUF, 2016). Dénètem Touam Bona ne cesse de multiplier les expériences : formation et ateliers d’écriture en prison, documentaliste dans un réseau de solidarité internationale, professeur de lettres et de philosophie en Guyane et à Mayotte, etc. Depuis quelques années, il collabore régulièrement à des projets de création, en tant que dramaturge notamment.