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Mécislas Golberg | Disgrâce couronnée d’épines
Catherine Coquio
Article mis en ligne le 20 février 2019
dernière modification le 27 juin 2019

Le téléphone sera-t-il installé à temps pour que Golberg puisse, depuis son lit de malade, appeler lui-même Paris ? Le « gros » Guillaume (Apollinaire, l’ami) fera-il le voyage de Fontainebleau pour saluer une dernière fois le camarade alité et mourant ? Au moins passera-t-il, comme celui-ci le lui demande, chez Matisse quai Saint-Michel – y prendre les photos requises pour l’article ? Pourra-t-on solliciter à nouveau pour les Cahiers Derain, Picasso, Puy ? Obtenir un article de Max Jacob ? Bourdelle achèvera-t-il à temps le buste de Golberg pour que celui-ci puisse le voir – en photographie au moins ? Et Rouveyre, comme il le craint, va-t-il voir apparaître la silhouette branlante du malade (« abject, fétide » mais remuant encore « ses mâts » et « sa voilure décâblée ») à la grille de sa si belle maison de Fontainebleau ? En 1922, faisant par écrit (après l’avoir fait à la plume plusieurs fois) le portrait de Golberg, que cherche-t-il encore ? Quelle dette à effacer, à dire, sur ces années de sa jeunesse ?

Au moyen d’un montage de textes, de lettres, de notes, absolument passionnant (par où circulent les désirs, les rancœurs, les déceptions, les exhortations, les dettes…), Catherine Coquio propose une reconstitution des derniers mois et années de la vie de Mécislas Golberg, alors réfugié à Fontainebleau en sana. Elle nous installe par ce livre dans l’activité bouillonnante de la bohème littéraire et artistique du Paris de 1905, 1906, 1907… Elle nous installe au plus près de l’écrivain mourant, qui jour après jour écrit ce texte extraordinaire – qui deviendra Disgrâce. À vrai dire, elle nous installe jusque dans son lit – depuis lequel Golberg, infatigable, continue, non seulement d’écrire, mais de commander, d’adresser, d’exhorter par lettres, avec une énergie bouleversante…


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