Écrivaine de talent, éditrice prolifique, oratrice hors pair, la dirigeante anarchiste espagnole Federica Montseny a aussi été, en 1936, la première femme en Europe à occuper une fonction de ministre. En charge de la santé et de la sécurité sociale, elle s’est attaquée à la situation des femmes seules, abandonnées, battues, des enfants de la rue, de la réinsertion des prostitués, du logement des sans-toits, de la sécurité des chômeurs…
Militante infatigable en faveur de l’éducation laïque et rationaliste pour tous, elle a poussé à l’alphabétisation jusque sur le front où ses équipes réparent les corps blessés et les âmes meurtries. Utopiste, mais réaliste, Federica est à l’initiative de la première loi en faveur de l’avortement à l’échelle de l’Europe… Quarante ans avant celle de Simone Veil.
La défaite militaire de la République la pousse comme tant d’autres sur les chemins de l’exil. Arrêtée par la police de Vichy, elle évite l’extradition de justesse, parce qu’enceinte. Son mari, lui, passe une bonne partie de la guerre en prison avant d’être libéré par la résistance. L’ancienne ministre poursuit son engagement libertaire à Toulouse entre écriture, édition, éducation. Elle reste convaincue que la culture est l’arme principale de ceux qui rêvent de changer le monde. Une idée héritée du prince Kropotkine, de Cervantès et Voltaire, des philosophes grecs anciens… D’Hypatie d’Alexandrie.