L’architecte en artiste contemporain n’est que le dernier avatar du démiurge qui ne produit plus des lieux à vivre mais à regarder. Des villes privées aux villes intelligentes, des écocités, quelles sont les conséquences de ces formes d’urbanisation sur les populations ? Alors que les projets urbanistiques les plus délirants détruisent la planète, la ville européenne reste un modèle de vie à sauver.
Au niveau international, on assiste depuis le début des années 2010 à une certaine mutation chez les architectes. Ils sont apparentés à ce qui pourrait révéler une prise de conscience plus générale dans la profession : la tendance slow built — soit « construit lentement », une approche usant de matériaux renouvelables, de structures réversibles et frugales en énergies.
À l’échelle architecturale, il faut cesser de démolir pour réhabiliter les bâtiments de toutes époques, les améliorer, les surélever ponctuellement, tout en maîtrisant la densité. Ce qui implique aussi la question de la taille critique d’une ville agréable à vivre, qu’on appréhende d’abord à pied et où fonctionne un réseau de transports en commun efficace et peu onéreux.
À l’échelle urbaine, la ville de demain est donc déjà construite. Il faut maintenant revendiquer un « urbanisme imprévu ou temporaire » qui soit l’affaire de tous. Et d’abord en limitant le désastre de la planification liée au développement : procéder à petits pas, préférer la réversibilité et compter sur l’invention humaine – les architectes ne se prennent pas tous pour des démiurges, certains sont même à l’écoute et au service de leurs clients, comme ils l’étaient jusqu’il n’y a pas si longtemps…
Alliant un panorama des diverses solutions urbanistiques adoptées par la plupart des pays sur les cinq continents et de nombreux exemples précis sur la situation française (ainsi s’ouvre-t-il sur la rue d’Aubagne à Marseille), ce livre démonte les fausses solutions et traite des pistes réalistes souhaitables. Il propose un diagnostic du pire à bannir et du meilleur à développer à une époque où ce qui reste à sauver d’un mode de vie vivable peut encore l’être.