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Idéologie et spontanéité n’est pas un énième essai sur Mai 68, mais la réflexion à chaud d’un acteur des évènements, rédigée au tout début de l’année 1969 ou 1970, resté inédit.
Américo Nunes y dénonce le rôle réactionnaire des organisations gauchistes ou syndicales pour contrôler la contestation, universitaire, marginale et ouvrière. De manière plus générale, conforté par l’expérience de Mai, il critique les formes autoritaires d’organisation dont elles sont porteuses. Leurs liens avec la politique, l’idéologie, la politisation.
Il appelle à l’auto-organisation des luttes, à l’action collective spontanée et subversive, qu’il situe dans le temps historique des luttes du XXe siècle. Car c’est bien, le réel de l’utopie qu’Américo Nunes cherche à mettre au jour. D’où sa représentation de Mai 68 comme Grand refus, négation de l’ordre du temps capitaliste, brèche ouverte dans le le monde mortifère, irruption de la parole et de l’identité retrouvée, souveraine, porte ouverte vers l’utopie.
Américo Nunes est né au Mozambique en 1939, de parents originaires du Portugal. Il y a vécu jusqu’en 1960. Il y mena ses premiers combats contre la dictature de Salazar et contre le colonialisme portugais. En 1960, il part pour le Portugal puis s’exile en France pour y poursuivre sa lutte anticoloniale et anticapitaliste.
C’est un homme des marges, loin des formes autoritaires d’organisation que sont les partis, les groupuscules ou les syndicats s’auto-proclamant de la révolution.
Très proches des positions de la revue « Socialisme ou Barbarie », connaisseur des thèses situationnistes, son itinéraire est marqué par l’apport des acteurs et théoriciens de l’ultragauche, qui ont dénoncé, dès la révolution allemande des années 1920, les formes autoritaires d’organisation, qu’elles soient étatiques ou révolutionnaires. Il est aussi influencé par l’utopie des trajectoires individuelles et collective portées par le romantisme utopique et son Grand Refus (Rimbaud, Fourier, Dada, le surréalisme, Artaud et Bataille, mais aussi Blanchot).
Enseignant universitaire à partir de 1972, il s’intéresse aux mouvements sociaux propres au socialisme utopique et à l’anarchie-communisme hérétique, tant en France qu’au Mexique. Il est décédé en 2024.