3e édition revue et corrigée
« Nous, classes moyennes, petits-bourgeois de toutes catégories, anesthésiés par notre confort, chloroformés par nos habitudes, obnubilés par nos médiocres intérêts, devrions nous aviser que le modèle d’organisation sociale qui est révolu, c’est celui qui se présente comme le seul concevable et le seul souhaitable, le modèle que le capitalisme libéral a étendu à toute la planète, celui d’une société à deux vitesses et d’un monde à deux humanités. L’évolution plus qu’alarmante des rapports sociaux, le fossé infranchissable qui se creuse toujours plus entre nantis et démunis, entre possédants et dépossédés, engendrant exclusion, haine et violence, rendent inéluctable le choix décisif entre un monde où la défense des privilèges ne pourra plus être assurée que par la guerre déclarée contre les pauvres et un monde où la suppression des inégalités économiques constitue le préalable de la construction d’une démocratie mondiale. »
Le capitalisme ne fonctionne pas seulement par oppression mais aussi par l’adhésion des individus au système qui les exploite, entretenue par de vaines espérances de succès individuel. Nos luttes doivent s’accompagner d’un autre combat, dont l’enjeu est l’appropriation par chacun de sa subjectivité : ce travail de « socioanalyse » a pour objet la maîtrise de ce qui conditionne notre participation spontanée à l’ordre établi.
Sociologue et professeur honoraire à l’université de Bordeaux 3, Alain Accardo tient une chronique dans le journal La Décroissance. Soucieux de promouvoir une sociologie critique, dans la continuité des travaux de Pierre Bourdieu, notamment sur les systèmes de reproduction des inégalités, et de domination, Alain Accardo s’est fait une spécialité de l’étude du monde journalistique. Tous ses livres sont désormais publiés aux éditions Agone.