Collection « Bibliothèque des Frontières N°5 »
La sidérante odyssée de l’Aquarius en juin 2018 montre que les frontières européennes, à l’instar des embarcations de migrants, n’en finissent pas de dériver en Méditerranée. Elles passent des espaces continentaux sud-européens aux îles puis à la mer, évoluant même inexorablement vers les rives méditerranéennes du sud et de l’est (Libye, Turquie). Résultat d’une entreprise de dissuasion colossale, cette dérive inquiétante des frontières paraît signer le naufrage politique de l’Europe.
Dans les dernières décennies, la Méditerranée a été tout à la fois le lieu de déploiement de nouvelles formes d’ingénierie du contrôle et celui d’innovations collectives et de formes de résistance. Ce livre explore les logiques à l’œuvre dans les multiples espaces où se déploie le dispositif frontalier de l’Union européenne (les îles et les camps, la mer elle-même, les État périphériques…). En reprenant la généalogie des politiques du contrôle migratoire en Méditerranée, il montre que la forme sociale et spatiale que prend la frontière aujourd’hui ne constitue que le dernier épisode d’une longue histoire du passage et du tri.
L’ouvrage se base sur des écrits d’une vingtaine de chercheurs et d’acteurs associatifs, et s’appuie à la fois sur l’analyse des politiques, l’action des différentes institutions de la migration (ONGs, associations, police, etc.) et le récit du vécu des frontières par les migrants. Il a été coordonné par Camille Schmoll et Nathalie Bernardie Tahir.