Le 4 mai 1989, Jean-Marie Tjibaou et Yeiwene Yeiwene, deux dirigeants indépendantistes kanak, sont assassinés alors qu’ils participent aux commémorations de la prise d’otages d’Ouvéa qui a eu lieu un an auparavant.
L’auteur des tirs est Jubelly Wea. Avant d’être abattu à son tour, il a le temps de s’écrier : « Les accords de Matignon-Oudinot sont morts ! Vive l’indépendance kanak socialiste ! » Mais qui était Jubelly Wea ? Par quoi était-il animé ? Comment, au nom de la souveraineté, un militant fait-il basculer sa trajectoire coutumière, religieuse et politique en une trajectoire criminelle ?
Pour comprendre l’homme et ses motivations profondes, Hamid Mokaddem est revenu aux sources. Il a écouté les témoins, questionné les archives, analysé les textes écrits en début de parcours par les protagonistes.
Démêler finement ce qu’il s’est passé hier est un préalable indispensable pour saisir les enjeux contemporains de la Nouvelle-Calédonie/Kanaki et de son peuple.
Agrégé de philosophie, docteur en anthropologie sociale et culturelle (EHESS de Paris), auteur d’ouvrages sur les devenirs et trajectoires des protagonistes de l’histoire culturelle et politique de la Nouvelle-Calédonie, Hamid Mokaddem achève une trilogie sur les trois acteurs décisifs et majeurs du devenir de la Kanaky des années 80.
En effet, en 2005, après avoir publié une étude détaillée sur la trajectoire et l’oeuvre politique de Jean-Marie Tjibaou, Ce souffle venu des ancêtres. L’oeuvre politique de Jean-Marie Tjibaou, 1936-1989 (Prix Popaï du Salon International du Livre Océanien 2005 de Nouvelle-Calédonie), puis en 2017, Yeiwene Yeiwene. Construction et Révolution de Kanaky (Nouvelle-Calédonie), il clôture l’enquête par ce dernier livre L’Histoire dira si le sang des morts demeure vivant. Jubelly Wea (1945-1989). L’auteur estime que ces travaux aussi singuliers soient-ils touchent à l’universalité.