Élisée Reclus fut géographe et libertaire, indissociablement. Lié un temps à Michel Bakounine, ami de Louise Michel, engagé physiquement dans la défense de la Commune de Paris puis banni du territoire français, il acquit de son vivant une renommée internationale par l’ampleur et l’acuité de ses écrits sur la Terre et les sociétés qui l’habitent.
Florence Deprest propose de porter un éclairage nouveau sur le chapitre qu’Élisée Reclus a consacré à l’Algérie en 1886 dans sa monumentale Nouvelle Géographie Universelle.
En situant cette œuvre dans le contexte idéologique et scientifique de la société coloniale à l’âge des empires, elle montre en quoi certaines interprétations de Reclus sur l’Algérie sont tout à fait représentatives des courants progressistes du moment, et participent de ce que l’on a coutume d’appeler l’humanisme colonial.
L’auteur met alors au jour la dialectique de cette description géographique où l’Algérie colonisée incarne un possible renouveau de l’antique Méditerranée, imaginée comme un espace de mouvements et de métissages, mais également un lieu de l’arbitraire colonial, de la perte d’indépendance politique et de la légitime résistance indigène.