Stig Dagerman aurait eu 100 ans en octobre 2023. Mais le 4 novembre 1954, Stig Dagerman se donnait la mort dans sa maison de Stockholm. Ce matin-là, l’écrivain suédois a allumé le moteur de sa voiture puis a attendu que les gaz d’échappement envahissent son garage et ses poumons. Stig Dagerman avait 31 ans.
L’homme, qui sut se soucier autant du monde que de lui-même, publia, avant l’âge de 26 ans, nombre de romans, nouvelles, poèmes, textes politiques, pièces de théâtre et chroniques journalistiques. Puis, pendant les cinq dernières années de sa vie, imagina des débuts de romans, des scénarios inachevés, des idées d’histoires, des rêves de rédemption...
Il est vrai que, comme il est gravé sur sa tombe dans le petit cimetière d’Älvkarleby, « Mourir est un petit voyage depuis la branche jusqu’à la terre ferme ». Mais « son voyage », s’il fut effectivement bref, a laissé une trace claire dans le ciel littéraire, un faisceau de colère, de lucidité et de beauté susceptible de nous aider à mieux saisir les colères, la lucidité et les beautés nécessaires à notre présence au monde contemporain.