Considéré un temps par la police de l’Empire allemand comme « l’agitateur le plus important du mouvement révolutionnaire radical », Gustav Landauer (1870-1919) est une figure insaisissable, qui déjoue toutes les tentatives de catégorisation.
Anarchiste, il se méfiait des connotations trop négatives du mot en lui préférant celui de socialiste ; penseur du politique, il se définissait comme « antipolitique » en concevant le renouveau de la communauté libre à petite échelle, au sein même de la société existante ; révolutionnaire, il récusait l’attente d’un grand soir et marquait sa réserve à l’égard de l’action violente ; penseur de la communauté, il affirmait que la recomposition des rapports sociaux passait, avant tout, par la transformation intérieure des individus.
Théoricien de la rupture et de la nouveauté, il estimait que celle-ci tirait sa vitalité du passé ; utopiste, il considérait que l’utopie devait s’expérimenter au présent et refusait toute représentation abstraite de la société idéale ; philosophe de l’action et « agitateur », il s’est interrogé sur le type de discours le plus à apte à nourrir cette action.
Cet essai est le premier à présenter, à partir des textes et de leur contexte, une lecture synthétique et complète de la pensée de Gustav Landauer, qui continue d’inspirer la réflexion politique contemporaine.
Enseignant en philosophie, Anatole Lucet est titulaire d’un doctorat en philosophie politique délivré par l’École Normale Supérieure de Lyon (laboratoire Triangle). Il a co-traduit l’ouvrage majeur de Gustav Landauer, son Appel au socialisme de 1911.