De 1932 à 1936, ces Indélicats, au nombre de 21, ont donné 107 linogravures réunies en 9 portfolios. Les tirages n’ont pas dépassé les cent exemplaires ; ils sont devenus très rares et les artistes sont pour les trois quarts d’entre eux tombés dans l’oubli.
Grâce à d’importantes expositions, Maurice Estève, André Fougeron et Édouard Pignon ont poursuivi une carrière artistique et acquis la célébrité comme peintres ; Gabriel Robin, moins connu, a réalisé une œuvre abondante qui ne laisse pas les amateurs de peinture indifférents ; sa fille nous donne ici des souvenirs inédits sur lui et sur le groupe. On trouve au hasard des ventes des affiches de Roger Falck ou des toiles de Maurice Ernest Lerouillé, et Louis Féron a connu une belle carrière d’orfèvre, bijoutier et sculpteur en Amérique du Sud et aux États-Unis.
On découvrira tous les autres à travers les pages de ce livre ; ils doivent leur présence en partie aux mémoires de Louis Féron.
Les Indélicats n’ont pas choisi le nom de leur groupe à l’unanimité, mais par la provocation de l’un d’entre eux et en somme par défaut. Ils ont néanmoins œuvré dans le sens le plus brutal de ce mot en gravant des images provocatrices, dénonçant tout à la fois les combines politiques et les problèmes sociaux les plus inacceptables, sans doute pour la beauté du geste, sa gratuité.
La plupart d’entre eux étaient des jeunes gens épris de justice et de beauté, mal à l’aise dans un monde déréglé à la suite de la guerre de 1914 et en pleine crise des années 1930. Parfois assimilés aux syndicalistes révolutionnaires ou aux anarchistes, ils ont avant tout exprimé ce poids d’un monde en déréliction à la veille d’une nouvelle guerre. Cette dernière mise à part, on trouvera là beaucoup de concordances avec les révoltes actuelles.
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