Accueil > Mouvements ouvrier, syndical et social > La Fabrique d’une génération :

Christian Chevandier

La Fabrique d’une génération :

Georges Valero postier, militant et écrivain.

lundi 7 décembre 2009

Il est des hommes, exclus du grand récit historique officiel, des vies apparemment ordinaires qui toutefois témoignent autant des soubresauts d’un siècle que les biographies arrangées des grands personnages. Georges Valero (1937-1990) en apporte une preuve exceptionnelle.D’abord, son existence se tisse dans la trame politique de la deuxième moitié du XXe siècle.Né au temps du Front populaire, Georges Valero grandit dans un des quartiers les plus déshérités de l’agglomération lyonnaise. Son militantisme syndical le conduit, au retour de la guerre d’Algérie, à choisir de travailler de nuit dans un centre de tri postal lorsque nombre de militants deviendront permanents. Il est de toutes les luttes de la gauche révolutionnaire : l’anticolonialisme, le communisme, Mai 1968, le syndicalisme autogestionnaire, l’anarchie.Mais cet engagement dans le siècle prend, pour l’historien, valeur de témoignage et d’analyses hors du commun du fait de la part prise, par l’écriture romanesque, dans l’existence de ce fils d’ouvriers immigrés. Très tôt, Valero, qui écrit dans des journaux lycéens, découvre la nécessité de mettre à distance le cours immédiat des événements par la littérature : soldat en Algérie, il se lance clandestinement dans la rédaction d’un roman antimilitariste. Toute son œuvre, imprégnée de cet engagement dans la cité, se révèle pour l’histoire sociale et culturelle, une mine sans équivalent, puisqu’elle offre une plongée dans un univers populaire où l’on peine à parler de soi à la première personne.Au-delà de la figure de l’écrivain-travailleur, Christian Chevandier restitue l’histoire d’une génération et d’un milieu, pour lesquels la culture était synonyme d’émancipation. Une génération parmi d’autres, qui se distingue cependant par ce que la vie de Georges Valero nous révèle de la société contemporaine.


Les Belles Lettres, 434 pages, 31 euros